Edito de Février : Ariège territoire d’éducation populaire

  • 15 février 2024
  • Elus - Enseignants - Jeunes - Parents - Professionnels de l’animation

Actualités du réseau

L’opinion publique en 1930 se passionnait pour l’éducation nouvelle*; aujourd’hui elle se passionne pour le débat sur le « retour » de l’uniforme ! » disait Philippe Meirieu lors de la troisième biennale internationale de l’éducation nouvelle, illustrant sans doute que nous sommes à un moment où il faut reconnecter le sens de l’action éducative à l’habitant, au parent, au jeune.

*(outil de transformation collective et d’émancipation par l’appropriation active du savoir)

Nous pourrions tous citer d’autres signes également révélateurs de cette nécessité. Quand par exemple une dérogation, qui permet d’envisager une école à quatre jours, supplante une loi qui promeut plus de matinées parce qu’elles sont propices aux apprentissages…

L’expérimentation n’a jamais créé l’égalité en droit… et parce qu’il n’y a plus d’égalité en droit, l’école publique, celle qui devrait être la même pour tous, devient diverse, partout.

Tout ceci est sans doute symptomatique et permet de mesurer que nous vivons une période de déséquilibre et de questionnement sur ce qui fait éducation et ce qui fait société.

Parce que les institutions éducatives ne vont pas bien, les enseignants, les animateurs, les éducateurs au sens large, partent voir ailleurs…Parce que la société ne va pas bien, le collectif se disperse en trajectoires individuelles.
Aujourd’hui, la réussite éducative ne semble trouver de reconnaissance que dans notre capacité à régler les questions d’insertion professionnelle, d’emploi. Mais ne sommes-nous pas à côté des préoccupations actuelles d’une jeunesse qui est davantage en quête de sens et qui s’interroge sur un monde en plein bouleversement ? Ne doit-on pas lui permettre de gérer cette transition à partir d’une diversité de réponses qui n’ont peut-être pas toutes à voir avec les réponses habituelles ?

Les derniers siècles ont pourtant, au-delà du seul rapport au travail, porté l’émancipation intellectuelle, culturelle, politique. Elle seule peut être source de progrès social et doit, pour cela, rester un enjeu majeur des politiques publiques. C’est cette boussole qu’il faut reconstruire ensemble.

Les élus présents au dernier comité départemental pour des politiques éducatives concertées le 31 janvier dernier, mais également l’ensemble des acteurs éducatifs institutionnels et associatifs réunis, ont affirmé cet impératif dans un contexte sociétal anxiogène et à l’avenir incertain.

« Permettre l’émancipation, l’accès au savoir, la culture, s’exercer à la citoyenneté, concrétiser les idées de justice, de solidarité, d’humanisme et surtout agir en coopération, en concertation » diront les associations d’éducation populaire têtes de réseau, en introduction de la journée (voir notre article sur le discours de Christian Rouch en ouverture du Comité : “Personne n’éduque personne…”).

Et elles concluront les travaux ainsi : « Dans ce contexte où la tentation d’un vote favorable à l’extrême droite se renforce, notre histoire, nos principes, nous engagent à donner plus de force sur les territoires, sur les bassins de vie, aux projets et actions qui renouent avec la solidarité collective, la rencontre éducative et culturelle entre les habitants, la recherche de ce qui nous réunit et non de ce qui nous divise » (voir notre article complet sur le discours final porté par Muriel Faure-Brac au titre des associations d’éducation populaire départementales : “Faire vivre des communs humanistes”).

Aujourd’hui, plus que jamais, l’éducation populaire ne doit pas être considérée comme un moyen de renforcer le rôle de l’État, comme un supplétif. Elle doit être le lieu d’émergence et d’expression d’une libre conscience citoyenne.

L’Ariège, en affichant une large volonté de faire lien, de faire territoire en commun, de faire société humaniste, pourra ainsi se revendiquer « Territoire d’éducation populaire » !