La jeunesse est aujourd’hui un sujet qui connait un fort engouement et qui donne lieu à de nombreuses actions et dispositifs aux échelles nationale et locales.
Et nous ne dérogeons pas à ce constat. La plupart de nos articles du mois traitent de ce sujet : bilan de l’expérimentation jeunes en milieu rural, Forum Ouvert Jeunesse, la radio pour faciliter l’expression des jeunes, un projet de création artistique avec des jeunes…
Cependant, en considérant les jeunes pour eux-mêmes, comme une catégorie sociale, en établissant des politiques publiques qui leur apportent des réponses spécifiques, ne les mettons-nous pas, en quelque sorte, à l’écart de la société ?
Ce qui est en jeu, au travers de cette « question jeunesse », n’est-ce pas notre capacité ou notre incapacité à faire société ?
La classification en « âges de la vie » est un instrument de l’action publique. L’âge est un critère simple de classification, d’organisation de l’ordre social. À chaque âge correspond une fonction (l’accueil de la petite enfance, la formation des jeunes, l’autonomie des personnes âgées …) dénotant ainsi d’une certaine assignation à des parcours de vie. Cette gestion par cases, ne catégorise-t-elle pas les populations par facilité de pilotage et d’évaluation des politiques publiques ? Ne sommes-nous pas ainsi face à notre difficulté à dire ce qui fait progrès social ?
Avec la montée du chômage notamment, la France a connu une vraie institutionnalisation de la jeunesse en mettant en place des politiques publiques qui s’attachaient aux questions d’éducation, de formation et d’insertion professionnelle. Peu nombreux sont les jeunes qui ne sont aujourd’hui pas concernés par ces dispositifs. Sous l’effet de ces interventions la « catégorie jeunes » s’est également allongée par les deux bouts. Mais, in fine, sait-on vraiment aujourd’hui ce qu’est la jeunesse et ce qu’elle apporte?
Subséquemment, l’enchevêtrement de dispositifs correspondant à l’élargissement de la classe « jeunes » rend difficile la lisibilité de l’action publique. Entre jeunes scolarisés, jeunes issus de familles modestes, jeunes actifs, jeunes actifs non occupés, jeunes en formation professionnelle, jeunes en insertion… nous aboutissons à une fragmentation sociale parmi les jeunes et à des représentations souvent erronées des jeunes de la part des autres générations.
N’y aurait-il donc pas intérêt à intégrer cette question de la jeunesse dans un questionnement plus large sur l’évolution et l’organisation de la société dans ses liens intergénérationnels, sur l’intégration des jeunes aux côtés des autres générations ?
Sujet à méditer pour des perspectives à venir…