Cette fin d’année 2021 sera marquée, pour la plateforme « Territoires Educatifs », par la révision de son projet départemental pour des politiques éducatives concertées.
Réviser, évaluer, contrôler, quelle démarche est réellement souhaitée ?
Étymologiquement le mot projet a deux racines : « Pro » qui signifie en avant et « jacere » qui signifie jeter. Le projet c’est donc ce que l’on jette en avant, ce que l’on pro-jette.
Un projet se veut par conséquent changer le réel. On fait un projet quand on n’est pas satisfait de quelque chose, quand on veut améliorer, modifier une situation.
Un projet éducatif s’appuie quant à lui sur des valeurs en souffrance que l’on va s’employer à changer par un processus à visée plus ou moins lointaine.
Mais, voir loin, c’est aussi accepter de ne pas arriver complètement à ce que l’on avait espéré.
Un projet c’est donc une Utopie, partagée dans notre cadre partenarial, qui décrit un idéal vers lequel nous voulons cheminer.
Pour les membres de la plateforme TE, cet idéal se projette depuis plus de 10 ans maintenant dans des territoires inclusifs, qui font de l’accueil des enfants, des jeunes et plus globalement des familles, une priorité. Une place pour chacun, des services accessibles, des espaces adaptés, des citoyens engagés, des jeunes accompagnés… Le socle du projet départemental décrit cet idéal partagé.
Ce socle se veut également éducatif dans le sens où il accompagne les territoires ariégeois sur le cheminement de leur changement, parce qu’accompagner, c’est « cheminer à côté de ».
Eduquer c’est étymologiquement là aussi aider à sortir de, élever, mais aussi nourrir.
Le projet départemental se veut donc être une ressource, un socle, un bâton sur lequel s’appuyer.
Alors, réviser le projet départemental, c’est observer quels changements ont été opérés, quelles valeurs restent encore en souffrance. Évaluer vient de « valor » ; évaluer c’est faire sortir la valeur ; Évaluer, c’est donc questionner le sens, quand contrôler, c’est questionner la norme.
Par conséquent, nous ne contrôlerons pas aujourd’hui notre projet départemental, même si cette étape sera plus tardivement nécessaire et complémentaire. Nous ne mesurerons pas si les actions prescrites ont été réalisées ; nous ne mesurerons pas, nous questionnerons le sens de notre action.
Mais pour évaluer, pour questionner, il faut être deux, quand le contrôle, lui, se fait en solitaire.
C’est donc avec les territoires ariégeois que nous souhaitons interroger les changements, les plus-values.
Qu’est-ce qui a changé depuis que nous avons mis l’accent sur les politiques éducatives concertées en Ariège, qui n’aurait pas changé si nous n’avions pas mis en vie ce projet et qu’est-ce que nous serons capables de réinvestir dans un avenir proche ?
Qu’est-ce que nous pensions avant et qu’est-ce que nous pensons maintenant ? Qu’est-ce que cette démarche a modifié sur un plan organisationnel et structurel ?
Ce projet départemental, ce sont les territoires qui y donnent du sens, parce que c’est à cette seule échelle que le changement peut se faire et que l’on peut l’observer.
Alors quoi de plus normal de nous faire accompagner dans notre réflexion par une promotion d’étudiants en Master « Action locale et projet de territoire » ?
Par conséquent, les articles de ce mois de novembre vous présenteront notamment le travail lancé avec ces étudiants, vous parleront d’une dynamique initiée dans le Douctouyre en intelligence collective et en corrélation avec la démarche portée par le réseau “Territoires et Citoyens en Occitanie”, vous amèneront dans un processus de formation visant à désintoxiquer « la langue de bois », vous inviteront à vous projeter dans d’autres univers… Bonne lecture.
Et que soit ici remercié Alain Bollon, expert en évaluation des systèmes éducatifs auprès de l’UNESCO, que nous avons croisé sur notre route et qui a largement inspiré les propos ci-dessus.