Portrait du mois : Magali Terrail, une « COACH » en puissance

  • 20 décembre 2022
  • Elus - Enseignants - Jeunes - Parents - Professionnels de l’animation

Actualités du réseau Portrait

Elle se demandait depuis déjà quelques mois si nous allions lui proposer un jour de réaliser son portrait…
Chose compréhensible puisque Magali Terrail, chef de service enfance jeunesse à Pamiers, est fortement impliquée au sein de la plateforme Territoires Educatifs 09 depuis sa création…et même bien avant !
Alors, profitant d’un interstice, nous avons décidé de la mettre en vedette de ce mois de décembre 2022 ; une occasion de finir l’année en beauté !

Une belle personne

En beauté parce que Magali Terrail est une belle personne ! Une de celles qui portent des valeurs d’humanisme et qui se tiennent « droites dans leurs bottes ». Elle est certes un peu exigeante et péremptoire parfois, un peu directe et sans détour aussi, mais une chose est sure, c’est qu’elle avance dans sa vie avec sincérité et engagement.

Ce mot engagement a pris sens pour elle dès sa petite enfance. Un héritage familial sans doute puisque ses deux parents étaient impliqués dans la MJC du petit village de la Drôme dont elle est originaire.
Un papa agriculteur et syndicaliste militant, une maman institutrice mais en même temps, ou successivement, femme d’agriculteur (un statut reconnu à l’époque), enseignante spécialisée, gérante d’une ferme auberge… « Des soixant’huitards , dira Magali, dont je n’avais plus qu’à suivre l’exemple ».

C’est par conséquent une éducation assez libertaire qui allait façonner son caractère et c’est ainsi, tout naturellement, qu’elle s’est retrouvée très rapidement au Conseil d’Administration du foyer de jeunes monté par la MJC : « on nous faisait confiance ; un cadre était fixé et on nous donnait les clés de la maison ; à nous de faire le reste ! »

Le foot, vecteur d’indépendance

Et puis, s’il est des expériences qui forgent le caractère, la pratique du foot allait indubitablement façonner son sens du management.
« Une passion ! » dira-t-elle.

« En même temps, c’était soit la danse, soit le foot ; les deux seules activités pratiquées sur la commune ! J’ai choisi le foot ; et je fais ainsi partie des premières femmes à avoir adopté la discipline ! »

La commune, c’était aussi une histoire de famille : oncles, tantes, cousins, cousines habitaient là. « Au sein du club de foot, à 12 ans je me suis retrouvée à entraîner les plus petits, mes cousines entre autres.

Partir

La séparation de ses parents est aussi un événement qui allait continuer à l’amener vers la recherche de l’indépendance, très tôt.
Est-ce avec cette envie d’un ailleurs qu’elle a choisi de partir pour un collège loin de chez elle ?
Et pourquoi s’est-elle ensuite orientée par la suite, en seconde, vers une option cinéma ?

« Je ne sais pas, dira-t-elle, mais j’avais alors un goût prononcé pour les questions de communication…mais aussi un oncle qui se promenait toujours avec une caméra à la main… ».

Et puis il y a eu le BAFA à 17 ans qui lui a permis de se découvrir une âme de globe-trotteuse en encadrant des séjours au Maroc, au Sénégal….

Une deuxième révélation : la sociologie

Est-ce le hasard qui l’amènera à enchaîner avec une 1ère économique et sociale ? Ou le sentiment qu’une révélation l’attend au tournant ? Le fait est qu’elle va trouver dans la sociologie ce qui était sans doute déjà latent en elle : le goût des autres, des relations humaines, l’envie de comprendre comment les gens fonctionnent, de comprendre les relations et les jeux de pouvoir, l’envie de contribuer à des transformations sociales…
Elle comprenait ainsi pourquoi quand, toute petite, sa maman lui demandait ce qu’elle voulait faire plus tard, elle répondait : « moi je veux être chef ». Je la soupçonne d’ailleurs d’avoir peut-être dit, déjà à cette époque, qu’elle voulait être CHEFFE…

Une féministe

Entendez par là que Magali est une féministe affirmée même si elle ne s’en revendique pas.
Pour exemple, en espérant que son fils ne lira pas cet article dans les jours qui précèdent le 25 décembre, il se pourrait qu’il trouve au pied du sapin le livre d’Aurélia Blanc : « Tu seras un homme féministe, mon fils ! »… « Le premier livre d’éducation non-sexiste à l’usage des garçons ! Depuis des décennies, on ne cesse de réfléchir sur le sens de la féminité, sur l’éducation de nos filles, que l’on veut voir fières et émancipées ; on lutte à l’école, dans la rue, dans les familles, pour leur donner les mêmes chances qu’aux garçons. Mais on continue d’élever nos fils dans le même moule qu’avant, comme si on pouvait déconstruire le sexisme sans s’interroger sur la masculinité ! ».

Magali ira jusqu’au bout d’un DESS à Lyon ; les études venaient pour elle en complément de nombreuses autres activités, sportives (elle pratiquera bien d’autres sports que le foot), culturelles, et sociales avant tout. Elle se retrouvera ainsi à la cogestion d’une association de résidents de la cité universitaire qu’elle fréquentait, à la tête d’un journal ou encore d’événements en tout genre aux côtés d’amis de toutes origines, amitiés qu’elle a conservées jusqu’à aujourd’hui.
Et tout ça en exerçant une activité de « pionne » qui lui permettait d’entretenir sa propension à « l’autorité naturelle » !

La main tendue

Sa maison, c’était aussi et c’est encore, la porte ouverte à tous ceux et celles qui en ont besoin. Des étudiants, des stagiaires, des amis sortant de prison, en réinsertion, des cousins en grande difficulté… Une maison vivante, comme celle qu’elle avait connu elle-même en tant qu’enfant.

Puis ce fut une rencontre, un premier boulot en tant que directrice pendant cinq ans d’un foyer logement qui aidait des jeunes en difficulté à trouver un environnement rassurant pour pouvoir avancer.

Et puis un voyage de neuf mois en Amérique du sud qui a entraîné une envie, au retour, de s’installer en milieu rural, mais toujours loin de ses origines… et donc au Sud du sud, en Ariège. Et puis un enfant (un garçon) puis deux (une fille) et ses premiers pas en parallèle dans la ville de Pamiers au Multi services jeunes d’abord et enfin au SEJ (Service Enfance Jeunesse) un service qu’elle a fait naître et dans lequel elle officie maintenant depuis 20 ans… mais avec toujours une envie de se renouveler, de faire avancer les projets et les personnes.

« Ce qui me plaît toujours et plus que jamais, ce sont les relations humaines, c’est accompagner les enfants, les familles, leur rendre service. Mais c’est aussi penser des projets structurants comme celui que l’on est en train de construire aujourd’hui avec une multitude d’acteurs, pour la jeunesse appaméenne ».

Vers un passage de relais

« Ce qui ne me plaît pas par contre, c’est de ne pas arriver à aller au bout de mes idées parfois, ou à convaincre les personnes pour lesquelles j’œuvre au quotidien. Et puis c’est aussi cette impression d’avancer parfois dans le brouillard, de ne pas avoir le temps de poser les choses. Travailler avec des politiques c’est aussi apprendre à travailler sur le temps d’un mandat, une temporalité qui ne correspond pas toujours au temps du projet. »

Mais aujourd’hui, en tant que coach qui se respecte, elle aimerait passer le relais et prendre le temps de préparer ce passage. Pour une autre fonction peut-être…ou carrément un autre horizon, d’autres horizons…à voir !
Il faut dire aussi qu’elle reste très attachée aux personnes qui l’entourent professionnellement pour les valeurs et les beaux projets qu’elle partage avec elles…
Ces valeurs elles les a également trouvés au sein de la plateforme Territoires Éducatifs dont la dynamique l’a aidée à avancer professionnellement. « La force du collectif, la co-construction me stimulent. J’apprends énormément et en même temps j’apporte ma bonne humeur, mon savoir être, mon savoir-faire » dira-t-elle.

La liberté

Elle a déjà l’impression d’avoir accompli de belles choses et sa première satisfaction elle la trouve à la fois dans la liberté qui caractérise sa vie et dans l’épanouissement de ses enfants ;

« La vie, à 54 ans ; Maturité et sérénité tout à la fois ! Et j’ai envie d’en profiter »

Foot, tennis, yoga, randonnée, natation, ses copines qui l’appellent « coach », la lecture, les spectacles (beaucoup de spectacles), rythment sa vie personnelle alors que ses enfants cheminent vers l’autonomie.

Un film fétiche ? « Thelma et Louise » pour cette histoire d’une relation forte entre deux femmes, ce film révolutionnaire qui a marqué son époque, cet hymne à la liberté et au féminisme…
Mais aussi « La garçonne » ou « Simone » …pour toutes ces femmes qui ont marqué l’histoire !

Un livre : Non, trois auteures : V. Grimaldi, A.Ledig et A. Lugan ; des histoires de gens qui changent de vie, qui vont au bout de leurs rêves, qui s’épanouissent… « mais qui finissent bien tout de même… » dira-t-elle en riant.

Ce portrait est déjà très long et est encore cependant incomplet. Magali Terrail est en effet intarissable et parle facilement d’elle, de sa vie, de ses combats, de ses convictions.

Si vous la croisez sur votre chemin, prenez le temps de la pause, de l’écoute, de la réflexion à laquelle elle vous pousse. Évitez juste de la croiser avant un rendez-vous, au risque de le manquer…

Interview et portrait réalisés par Nadine Bégou