Le portrait du mois : Blaise Le Goaec, le paradoxe du matheux

  • 21 juin 2022
  • Elus - Enseignants - Jeunes - Parents - Professionnels de l’animation

Actualités du réseau Portrait

Blaise Le Goaec, c’est le directeur de la Ligue de l’enseignement de l’Ariège.
Mais peut-être devrais-je utiliser le passé, puisque, à l’heure de la réalisation de ce portrait, Blaise est en instance imminente de départ à la retraite.
Nous ne pouvions par conséquent pas le laisser partir sans graver son image dans le marbre de la plateforme « Territoires Educatifs ».

L’impossible est toujours possible

Pour dire qui est Blaise Le Goaec, je commencerai par une anecdote glanée au fil de l’interview : une grosse émotion éprouvée lorsqu’il a accueilli une classe de découverte arrivant tout droit de la Martinique !
Une enseignante ariégeoise, affectée sur l’île, avait en effet décidé d’amener ses élèves à la découverte de la neige, en Ariège, bien évidemment.

Blaise se souvient de cette rencontre et de l’intendance qu’elle a générée ; du jamais vu, lorsqu’il a notamment fallu trouver des vêtements adaptés pour remplacer débardeurs et « tongues », dès la descente de l’avion et avant que les enfants ne soient transformés en glaçon. Mais il s’est également agi de construire un programme visant à surprendre chaque jour les jeunes martiniquais afin qu’ils repartent avec des étoiles dans les yeux : monter dans le train, se transformer en chevaliers à l’assaut du château de Foix et bien sûr chausser des skis, descendre en luge…tout ce qui pourrait nous sembler banal mais qui ne l’est pas, soyez en persuadés, quand on arrive d’outre-mer.

Son souvenir le plus précis : le ciel nuageux qui se dégage au moment où les enfants mettent pour la première fois les pieds dans la neige en descendant du bus qui les amène à la station ! Des couleurs inconnues pour eux, des sensations jamais éprouvées, des yeux émerveillés…MAGIQUE !

Mais pourquoi prendre le temps de cette anecdote ?

Parce que Blaise Le Goaec, c’est ça : c’est le sens qu’il donne à son action, c’est se sentir utile, c’est être à l’écoute des autres, c’est l’envie d’être marqué, touché par ce qu’il vit… et c’est surtout, en ligne de mire, « donner accès à l’impossible » !

Un équilibre sur trois pieds

S’il est né en Anjou, Blaise a rapidement été attiré par le sud ! Peut-être un besoin de chaleur, de soleil, de franc-parler, de liens sociaux chaleureux.

Et c’est une ariégeoise rencontrée à Toulouse, dans sa trentième année, qui l’amènera au pied de nos montagnes.

Ce qui l’équilibre depuis lors, c’est un triptyque : Famille, Travail, Voyage et lien social.

La famille, nous nous en doutions, avec son épouse et leurs quatre garçons…

Le travail, nous n’avions pas de doute non plus vu son acharnement dans sa vie de gestionnaire-comptable dans un premier temps, puis de directeur de la ligue dans une deuxième partie de carrière professionnelle.

Mais, ce que certaines personnes ne savent peut-être pas, c’est que Blaise Le Goaec s’est nourri et se nourrit encore, du voyage.

Mais pas n’importe quels voyages !!! Ses 18 ans, il les a fêtés au Rwanda…Par la suite, c’est sac sur le dos qu’il a découvert la Bolivie, le Népal, l’Italie, la Chine, l’Afrique…mais la liste serait trop longue à dérouler tant il a parcouru à peu près toute la planète.

Sa motivation : le total dépaysement et la rencontre humaine ; un voyage sans rencontre, trop axé sur la découverte de patrimoines naturels ou culturels, lui provoque un certain ennui. Sac sur le dos et sans plan préétabli, la rencontre est incontestablement plus facile !

« Voir comment les gens vivent ailleurs, c’est peut-être apprécier d’autant plus ce que l’on a chez soi, mesurer notre chance et éviter la plainte permanente sur notre condition » dira-t-il.

Le paradoxe du matheux

Mais n’y aurait-il pas une étrangeté, un paradoxe, une ambivalence de goûts dans ce profil de gestionnaire rigoureux d’un côté et de voyageur baroudeur de l’autre ?

Galilée ne disait-il pas cependant que l’on ne pouvait comprendre la nature, l’Univers, que si l’on était en mesure de comprendre le langage par lequel était traduit ce dernier ? Un langage mathématique, tant l’univers est écrit en caractères géométriques tels les triangles, les cercles et autres figures en tout genre.

Approche philosophique qui nous donne cependant une clé de lecture de ce personnage à deux facettes que peut paraître Blaise Le Goaec…

Et puis, pour lui, comprendre le monde c’est aussi se confronter à l’autre, à sa culture, c’est accepter les différences, c’est s’ouvrir à ce qui n’est pas nous. Ce qu’il ne supporte pas, ce sont les français rencontrés à l’étranger qui se comportent comme des colonialistes en ne vivant qu’entre eux et en territoires conquis.

« Le voyage, c’est un vecteur d’éducation, d’ouverture, d’humilité et j’ai tout fait pour transmettre ça à mes fils, quelles que soient les études qu’ils pouvaient mener. C’est une expérience irremplaçable !».

Ce besoin d’ouverture, de rencontre, ce goût des autres, Blaise l’a aussi cultivé dans ses nombreux engagements associatifs.

Le scoutisme tout d’abord, dans lequel il est tombé tout petit, mais également la culture, au travers de son engagement à l’association Art’Riège. Non par amour inconditionnel du Jazz, mais plus par ce que lui apporte un investissement dans une association composée essentiellement de bénévoles. Une expérience qui fait contrepoids avec les frustrations rencontrées parfois dans des structures professionnelles où l’engagement militant perd de son sens face à une dimension technique et gestionnaire omniprésente et omnipotente.

L’union fait la force

Si son attachement à la plateforme « Territoires Educatifs » est d’abord professionnel, il lui a permis de faire un parallèle avec son expérience de gestionnaire comptable. La comptabilité est un outil au service de la gestion, comme la plateforme TE est un outil au service du partenariat, au service de personnes qui font le pari, bien que n’aillant pas naturellement l’habitude de faire ensemble, qu’elles vont ainsi être plus efficientes. S’il n’y croyait pas trop quand il a découvert la plateforme, il a été touché par le fait que la volonté partagée a toujours été plus forte que les nombreuses contraintes et que les freins qui parsèment le chemin et qui impriment des schémas concurrentiels.

Une belle leçon qu’il réinvestira sans aucun doute dans sa vie de retraité qui s’annonce active tant les sollicitations commencent à pleuvoir !!!

Ce portrait est sans doute incomplet tant la vie de Blaise Le Goaec a été, et est encore, bien remplie.

Parions simplement que cet angle de lecture donnera à voir ce qui peut parfois sembler caché.

Beaucoup de personnes autour de chacun de nous, discrètes, ne sont que des livres jamais lus. Je suis heureuse aujourd’hui d’avoir pris le temps d’ouvrir ces quelques pages du livre de Blaise Le Goaec et de les partager, ici, avec ceux et celles qui voudront bien les lire.

Quant à Blaise, il ne me reste plus qu’à lui souhaiter un bon voyage au milieu d’une bibliothèque remplie de rencontres et de trésors cachés.

Bon vent !

Interview et portrait réalisés par Nadine Bégou