La Tanière des Débrouillards, la suite

  • 17 mai 2021
  • Elus - Enseignants - Jeunes - Parents - Professionnels de l’animation

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Nous vous avions présenté le mois dernier la Tanière des Débrouillards (voir l’article du mois d’avril), nous vous détaillons ici l’esprit du lieu, le champ des possibles...

Chaque séjour à la tanière des Débrouillards est motivé par un projet pédagogique construit avec les animateurs des deux structures.

Le projet pédagogique intègre quel qu’il soit, des notions d’éco-responsabilité : valeur de l’eau, de l’énergie, notion de gaspillage alimentaire, d’hygiène, valeurs sociétales et sociales, des notions de petites économies liées au savoir-faire : j’apprends à faire, je peux offrir, vendre, échanger construire.

Le repas doit permettre de faire le lien avec le jardin partagé de proximité, la provenance des aliments, l’importance des circuits courts et d’une économie circulaire. Le repas est aussi l’occasion de parler du tri des déchets, de l’importance du recyclage industriel ou animal (poules/cochons), des emballages, du compostage des matières végétales.

Pour les petits déjeuners et les repas, certaines denrées sont produites sur place dans les 3ha du pays des traces, le circuit ne peut pas être plus court pour le miel, la confiture, les fruits les jus et certains légumes de saison.

A l’école de la nature

À la tanière, nous sommes à l’école de la nature. L’idée est d’apprendre à observer ce qui nous entoure, se familiariser avec des notions d’ichnologie pour construire une capacité d’interprétation des traces et des indices nous permettant de se situer en tant qu’acteur ou observateur de l’environnement dans lequel nous vivons.

Nous privilégions les capacités de chacun à développer son sens de l’observation en facilitant l’acquisition d’une méthode d’apprentissage basée sur la capacité d’interprétation individuelle et collective utilisant une démarche scientifique souple basée sur le triptyque : hypothèses individuelles et collectives, analyse recherche et interprétations comparatives, détermination incluant une marge d’erreur possible.

Une école de la vie

Ici, ce qui domine, c’est l’envie de partager projet après projet des capacités à découvrir des plaisirs d’être, de faire pour soi-même et pour une équipe, en suivant une ligne directrice concertée et un objectif espéré.

L’esprit d’apprentissage, notre volonté de partage, d’étude et d’observation de la nature pour vivre avec elle, sont l’essence même de l’existence de la tanière. La tanière des Débrouillards est un lieu de vie, une école de la vie.

Prendre le temps

Frustrés d’animations rapides coincées entre l’horaire d’arrivée et celle du retour, le projet de la tanière s’inscrit dans le temps : 3/4/5 jours et davantage encore, enfin la possibilité de prendre le temps nécessaire aux apprentissages, aux échanges, à la construction d’un projet partagé. Imaginer, fabriquer en utilisant des outils, du bois, des plantes, des pierres, du cuir, de la terre, de l’herbe, cuisiner ensemble en récoltant quelques aliments du jardin ou dans la nature, scier le bois naturellement produit sur le site, le refendre, allumer et entretenir un feu pour cuisiner, construire un four et y cuire son pain. Fabriquer ses ustensiles de cuisine en bois, créer ses propres jeux d’adresse à l’aide d’un banc à planer, d’un paroir. Tailler les saules du parc et vanner une corbeille en osier pour y loger les tranches de pain coupées, confectionner un panier pour aller récolter prunes, courgettes et autres pissenlits, faire bouger son corps sans s’en rendre compte.

Une terre qui nous parle et nous nourrit

S’initier au bivouac, apprendre à vivre et à cuisiner dehors par tous les temps.

Pister l’animal sauvage, être dans la peau du détective de la nature, du chasseur, du pêcheur, du cueilleur de la préhistoire ou contemporain. Apprendre à lire les traces, fabriquer un piège à Traces, récolter empreintes et indices, mouler de différentes façons pour faire apparaître l’animal de proximité invisible sans cet apprentissage pour beaucoup oublié.

Fabriquer un arc et des flèches, une canne à pêche rudimentaire, et attraper une friture de vairons dans la rivière ou des truites dans un bassin sécurisé et conçu pour l’initiation à la pêche, accompagnés par un passionné de pêche et des écosystèmes aquatiques. Fabriquer une échelle en bois pour suspendre une balançoire, aller cueillir les prunes, les pommes, les poires, et les figues des nombreux fruitiers plantés il y a 20 ans.

Ne jamais perdre le nord… ni l’essentiel

Observer les étoiles pour retrouver le nord, entendre les bruits de la nuit et s’intéresser aux activités nocturnes de beaucoup d’animaux. Observer les chauves-souris sortir de la grotte, entendre la hulotte, placer un piège photo pour surprendre renard blaireau ou loutre et avoir le plaisir de commenter ces images sur le grand écran de la tanière.

Reconnaître et comprendre comment vivent les végétaux et les cortège d’insectes qui y sont associés. Observer vivre une ruche et déguster le miel si bien élaboré.

Préparer un jardin, creuser, fumer, planter, désherber, greffer, arroser, pailler, récolter, cuisiner et comprendre la valeur de la terre et le plaisir de produire une partie de son alimentation.

Fabriquer un banc, un tabouret, une table, une corde solide à partir d’une simple ficelle ou de fibres végétales récoltées sur place pour faire une corde à sauter ou une balançoire à suspendre, fabriquer un plantoir, une mangeoire, un nichoir, un râteau, un sifflet, un jeu de quilles… Observer les oiseaux à l’œil nu, avec des jumelles, avec une lunette sur pied, apprendre à les différencier, observer leurs comportements, comprendre comment ils se nourrissent, leurs besoins de migrer, chercher où ils se cachent, où et comment ils construisent leur nid, apprendre à reconnaître leurs chants, leurs cris leur façon de communiquer aller à la recherche de quelques plumes.

Construire des cabanes, apprendre à faire des nœuds, grimper aux arbres, découvrir une grotte, s’y enfoncer profondément pour écouter le silence total et connaître l’obscurité entière.

Sur les traces de nos ancêtres…

Rechercher des indices concrets de la préhistoire : ossements de bisons de chevaux, de rennes et d’autres animaux ayant vécu ici il y a 30000 ans !

S’initier aux fouilles grâce au carroyage au dessin, aux gestes méticuleux. Reconstituer un squelette. Découvrir un de nos ancêtres préhistoriques conservé dans un abri sous roche, imaginer sa façon de vivre, de manger de dormir de marcher de se soigner de s’aimer, créer un conte, une pièce de théâtre.

Fabriquer un harpon ressemblant à celui découvert près de l’ancêtre préhistorique. Fabriquer des perles, un poinçon témoignages d’activités préhistoriques à St Lizier et découverts à 100 mètres de la Tanière.

S’initier à la poterie avec une cuisson digne des préhistoriques et de l’argile récoltée dans la grotte du loup.

Apprendre à tanner une peau, coudre, façonner un outil sur du gré, fabriquer une aiguille, construire un piège, un propulseur.

De l’intelligence du geste à l’éveil de vocations

À la tanière la vie doit apporter à chaque enfant, à chaque personne du bonheur, du réconfort, du plaisir, de la connaissance, en lien avec un projet directeur permettant des moments d’apprentissages, d’échanges, de partages et, in fine, de construction de compétences. On pourrait parler d’art de vivre en associant le respect et la connaissance de la nature, l’esprit d’équipe davantage que l’esprit de compétition qui demeure naturellement dans les jeux d’adresse.

Ici, nous aimons parler de l’intelligence du geste. L’accès aux outils est encadré par des animateurs professionnels, formés et conscients des risques d’usages nécessaires aux apprentissages.

Un séjour à la tanière est aussi une passerelle pour développer des gestes éco-citoyens dans les familles, une source possible d’expression et de valorisation personnelle et collective, participer à l’éveil d’une orientation, la naissance possible d’une passion ou d’une vocation. C’est aussi un espace où les valeurs de respect du lieu et des individus doivent transparaître en accord avec les équipes encadrantes.

Venir vivre à la tanière des débrouillards, c’est participer aujourd’hui à la formation des citoyens et écoresponsables de demain.