Avec Michel Caux… il est fort à parier que vous vous sentirez proche de lui, même à 10000km de distance, tant le personnage est vrai et sincère.
Nous avons réalisé cet entretien en visioconférence, crise sanitaire oblige. Nous aurions pu croire que cette barrière numérique allait nuire à la proximité nécessaire pour saisir avec précision les traits de la personne interviewée…il n’en a rien été ! Distanciation physique certes, mais pas distanciation sociale !
Mais qui est Michel Caux ? Élu à Montgailhard, tête de la liste qui a obtenu une large majorité au premier tour des municipales 2020 (mais pas encore Maire au jour de cette interview), fortement impliqué dans l’action éducative depuis longue date…mais que nous apprend vraiment cette rencontre?
Interviewer, ce n’est pas forcément soumettre le sujet à une série de questions, c’est simplement savoir l’écouter, aller chercher au plus profond de la personne ce qu’elle ne dévoilerait peut-être pas de prime abord.
Avec Michel Caux, une anecdote nous met d’emblée sur la voie.
Toujours aller de l’avant
Né à Lavelanet, Michel habite près des bois et ces derniers ont toujours été son terrain de jeu et d’aventures, à longueur de journée, avec une grande latitude d’action, une certaine autonomie et toute la confiance de ses parents.
Lors d’une randonnée en famille au château de Montségur, alors qu’il a à peine plus de 7 ans, Michel, qui devait sans doute déjà avoir un léger penchant pour l’indépendance, échappe à la surveillance de ses proches et s’éloigne, sans s’en rendre compte, du groupe de marcheurs. Le nez à hauteur des broussailles qui l’entourent il se retrouve donc perdu ne sachant ni où il est exactement, ni vraiment vers où aller.
Ni pleurs, ni peur, ni cris, ni panique ! Il décide simplement de monter au sommet d’un arbre pour se repérer.
L’arbre choisi lézardant au-dessus d’un mur de soutènement de talus, une branche manquée le fait choir bien plus bas que son point de démarrage, causant quelques dégâts sur son corps juvénile.
Peu importe ! Il fait fi de ses blessures et décide de descendre en se disant qu’a priori, une fois en bas, il devrait retrouver le parking d’attache. Mais c’est un pré qui l’accueille et la nuit commençant à l’envelopper, il décide froidement d’attendre tranquillement le lendemain pour retrouver son chemin.
Lorsqu’il voit des lumières sillonner les alentours, il se dit qu’une procession religieuse est en train de monter au château sans doute. Il n’imagine pas un seul instant que ses parents aient pu, comme tous parents qui auraient été morts d’inquiétude en pareil évènement, appeler les secours pour le retrouver.
Que retire-t-il de cette aventure ? : « En toute circonstance, il ne faut pas se lamenter et au contraire aller de l’avant, sereinement ».
Cette auto-maxime l’a accompagnée indubitablement toute sa vie : lorsqu’il s’est retrouvé à devoir sauver sa peau lors d’un périple dans le cadre d’une année de coopération en Egypte, lorsqu’il a dû se tirer d’un mauvais pas au cours d’un vol à voile en Couserans…et lorsqu’aujourd’hui il doit cogérer une crise sanitaire inédite. Il aborde alors cette dernière calmement, posément et il reste confiant dans l’avenir.
Un bâtisseur
Son parcours professionnel s’est dessiné à partir d’une première envie. Même si son orienteur voulait qu’il se dirige, après la troisième, vers une voie scientifique, lui, habité par un besoin de bâtir, de construire, voulait aller vers une filière technique !
Mais c’est compliqué, sur un plan manuel, de se retrouver au milieu de jeunes qui sont déjà sur cette voie depuis pas mal de temps ; intellectualiser ne suffit pas, il faut avoir l’intelligence fine du geste….
Il va alors saisir une opportunité qui lui est donnée : il passe le concours de l’école normale de l’époque. Sans conviction dira-t-il, par défi assurément, avec un fort désir de se prouver à lui-même qu’il peut y arriver. Et il y arrive aisément ! Alors que choisir ?
Un environnement qui s’appuie sur des valeurs de transmission (des proches sont dans l’enseignement) ont sans aucun doute éveillé cet intérêt qui le pousse à accepter cette nouvelle orientation dont il fera, dit-il, « un métier de cœur ».
Sans se départir formellement cependant de cette envie, toujours présente, de bâtir, de construire, de façonner avec ses mains…
Alors, comme on élève un mur, il va s’attacher à amener des jeunes collégiens à se construire, à s’élever, à grandir, à s’émanciper, en utilisant sa double compétence, enseigner et transmettre, dire et faire, apprendre et expérimenter, intellectualiser et réaliser manuellement…
En parlant de son goût pour l’œuvre bâtie, une anecdote lui vient à l’esprit et le met au bord de l’émotion : lorsqu’il est arrivé au Caire, les coopérants qui l’ont accueilli l’ont conduit à travers la ville, jusqu’à la nuit. Sa première rencontre avec les pyramides fut nocturne. Il s’est retrouvé sans rien voir et sans le savoir au pied de l’une d’elle ; et c’est seulement en levant la tête qu’il a découvert, médusé, l’impressionnant vestige emblématique de la civilisation égyptienne à la fois si grandiose et si magique; le monument que tout bâtisseur rêverait de construire et qui étale, de manière insolente, le grand savoir des ingénieurs égyptiens capables de faire s’élever de tels ouvrages avec des moyens très rudimentaires.
Un engagement constant
Et ce besoin de toujours bâtir, de construire, d’aller plus loin, plus haut, seul ou en accompagnant les autres, ce n’est pas en élevant des monuments qu’il le concrétise mais dans sa vie de tous les jours, au travers d’un engagement constant dans son métier d’enseignant professeur de Math d’abord, mais également dans un engagement associatif, puis au travers de plusieurs mandats en tant que conseiller municipal, et aujourd’hui adjoint en charge de l’éducation et demain de Maire.
Alors, tout naturellement, il s’est également investi au sein de la plateforme Territoires Educatifs : « Pour avoir une vision globale des politiques éducatives sur le département…C’est un pôle de ressources extrêmement utile dans le cadre de notre projet éducatif territorial. La plateforme permet d’élargir aussi la vision du quatuor famille/école/éducation populaire/collectivités et donne des idées pour faire avancer leurs articulations réciproques. »
Là encore nous retrouvons cette volonté d’avancer, de prendre de la hauteur, de bâtir un autre demain. Nous sommes persuadés que Michel Caux fera partie des personnes qui donneront toute leur énergie pour que ce que nous vivons aujourd’hui soit un tremplin à cet autre demain.
Et nous sommes particulièrement ravis que Michel soit à nos côtés pour essayer d’amener toujours plus loin, d’élever toujours plus haut, la coopération éducative départementale.
Interview réalisée par Nadine Bégou