Portrait du mois : Christine ESCANDE, du bon côté du soleil

  • 14 avril 2023
  • Elus - Enseignants - Jeunes - Parents - Professionnels de l’animation

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Ce matin, escale printanière avec Christine Escande, conseillère pédagogique départementale de l’Education Nationale.
“J’ai depuis longtemps plaisir à discuter avec elle et je sais que notre échange sera l’occasion de partager des interrogations et d’itinérer dans nos pensées. L’occasion aussi, à coup sûr, de rire de quelques anecdotes espiègles !

Équipées de chouquettes et d’un café, nous partons en exploration.
Christine me rappelle notre rencontre “du bon côté du soleil” d’Ax les Thermes, les fredonnements d’une chanson de Jeanne Moreau, la bonne humeur d’un stage.

Je vois rapidement se dessiner tout un ensemble fait de liens et de rebonds.
Christine évoque ses études en Sciences de la Terre et ses virées en spéléo avec les copains. Je retrouve ce goût pour la prospection et le collectif tout au long du récit qu’elle me fait de son parcours personnel et professionnel.

Regarder à l’intérieur/Faire sens

Que ce soit en tant que “maîtresse” ou ensuite en tant que conseillère pédagogique, il a toujours importé à Christine de construire du sens. Pour elle, l’action doit être motivée par une intention mais doit aussi être objet d’analyse : il s’agit de vérifier l’adéquation entre l’idée, la mise en œuvre et l’effet produit. 

Elle a exercé longtemps en classe maternelle et évoque à ce propos les notions de liberté, d’autonomie et d’égalité. Toujours à se demander comment contribuer à la construction, à la socialisation et à l’émancipation.
Enseigner est un métier qui nécessite de l’engagement puisqu’il s’exerce dans un rapport direct aux autres. Christine y accorde beaucoup d’importance et y a immédiatement trouvé une dynamique de recherche et de remise en question. C’est pour elle une expérience importante qui renvoie au fait d’être “toujours en évolution”.

Je regarde ses mains qui accompagnent de temps en temps ses propos et je me rends compte qu’elle parle de sens-signification mais aussi de l’usage des sens :

  • dans ses souvenirs de classe apparaissent les arts plastiques et le rapport tactile à la matière
  • dans son ancien projet pour devenir « éduc. spé. », elle se rappelle son questionnement particulier sur la cécité
  • dans ses écoutes répétées de chansons d’Anne Sylvestre, elle évoque le plaisir d’entendre (La prochaine fois, on chante 😉.
  • et hop, on croque une chouquette !

Apprendre/Transmettre 

Christine a depuis longtemps le projet de communiquer des savoir-faire d’artisane, d’être passeuse. Elle aime le principe de l’apprentissage tel qu’il est pratiqué dans les activités où le geste est montré pour être transmis. 

En accompagnant celles et ceux qui débutent, elle valorise leur grande motivation et souhaite les rassurer dans leurs premiers travaux. Et avec les plus expérimenté·es, elle est disponible pour travailler sur des problématiques relatives aux deux dossiers dont elle a la charge : la maternelle et les langues. Elle en a d’ailleurs étudié plusieurs : espagnol, anglais, russe, latin, grec mais aussi la paléographie et l’alphabet coréen ! Bref, un goût prononcé pour les codes linguistiques.

À bien y regarder, Christine a raison, de nombreux éléments lient ces deux domaines, la maternelle et les langues : on y retrouve le rapport à l’autre, les questions d’altérité et d’identité (Tiens voilà encore de quoi tisser de la cohérence, trouver des énergies et donner de la logique à l’action !).

Dans ses lettres-ressources adressées aux enseignant·es du département, elle invite à partager pistes pédagogiques autant que découvertes. 
Nous faisons alors des parallèles entre nos deux situations  “hors de la classe” et espérons, l’une comme l’autre, encourager l’analyse de l’activité en apportant nos regards “extérieurs”.

Être avec les autres

Comme Christine a proposé, entre autres, des formations destinées à travailler le lien entre le milieu scolaire et le péri-scolaire, elle me parle des partenariats qu’elle aime nouer et de la dynamique qu’elle ressent dans les actions collectives. Elle se rappelle les échanges avec le planning familial, les formations “égalité filles-garçons”, les travaux pour “faire équipe” entre adultes.

Elle apprécie le décloisonnement dans ces temps destinés à des enseignant·es et des animateurs-animatrices. Elle a aussi récemment conduit des stages ATSEM-enseignant·es. Penser la continuité au-delà des domaines et des temps d’intervention des un·es ou des autres inscrit l’action dans une dimension collective.

Travailler avec des personnes qui ont un autre point de vue, qui portent des discours pluriels, et qui sont dans d’autres systèmes de fonctionnement stimule Christine. Cette polyphonie au service de projets nous amène à prononcer les mots “réseau”, “association” et … “chorale” : elle relate ses activités dans le Festival 1,2,3 Soleil, au sein des Jeunesses Musicales de France ou de l’ensemble vocal MicMac.

Ma fille nous rejoint en sortant du lycée et je lui demande de se charger de prendre les photos qui seront associées à cet article. Pour celles-ci, Christine choisit d’aller dehors, “du bon côté de soleil” ! 
Maintenant, ma fille me demande comment je vais m’y prendre pour la rédaction de ce portrait. Je pense alors en souriant que Christine a commencé l’entretien en me prévenant : “Je n’ai aucun talent”. Marrant, non ? Je vous avais dit qu’elle était espiègle !

Interview et portrait réalisés par Jennifer Enoff