C’est en « Auriège » territoire rural à la jonction de l’Aude et de l’Ariège, où foisonnent des initiatives artistiques et culturelles, que se sont déroulées les rencontres des « Pierres de Gué ».
Ce projet, initié il y a quelques années par l’Estive, scène nationale de l’Ariège, associe quatre autres acteurs culturels structurants de l’Aude et de l’Ariège : MIMA (festival international des arts de la marionnette), l’ATP de l’Aude (Association de Théâtre Populaire), Arts Vivants 11 (Agence départementale du spectacle vivant), La Claranda (Association culturelle).
Objectif : travailler en étroite concertation pour établir une programmation annuelle, au plus près des habitants des territoires concernés.
Nous ne décrirons pas ici le projet , vous pouvez le consulter directement en suivant ce lien.
Si nous l’évoquons aujourd’hui, c’est parce que ce projet parle de liens entre les territoires, de lien entre les habitants, d’éducation artistique et culturelle, d’éveil à la curiosité, au goût, au beau, à la poésie… C’est un projet qui parle d’éducation populaire, in fine !
Et puis, il répond également à cette nécessité, aujourd’hui plus que jamais, de remettre en dialogue les gens qui composent un territoire.
Comme pour provoquer une prise de conscience, ou pour réveiller les consciences collectives, les intervenants ont remis en questionnement le sens du mot culture.
« Arrêtons de dire que nous amenons « la culture » dans les territoires ruraux ! dira l’un deux, la culture elle y est déjà !!! Éventuellement, nous pouvons dire que nous amenons l’art, que nous amenons des artistes dont le regard va inviter à décrypter le monde autrement, que nous pouvons nous nourrir des utopies des artistes pour nourrir des utopies collectives. Ce que nous pouvons faire c’est amener des jeux, des protocoles, des rencontres qui vont remettre les habitants dans un dialogue et qui vont leur permettre d’être écoutés dans leurs différences…Les acteurs culturels, ce sont tous ceux qui participent à l’émancipation des personnes, qui les invitent à faire territoire. Reconnaissons enfin les gens pour ce qu’ils sont et pas pour ce que nous voudrions qu’ils soient et permettons-leur de faire culture commune, de créer du commun. »
L’Unesco offre cette définition : « La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. »
Par conséquent ne devons-nous pas nous demander de quoi nous parlons quand nous parlons de « compétence culture » pour une collectivité, ou encore de « service culturel » …
La question des « droits culturels » est sans doute moins équivoque. « Les droits culturels prennent leurs sources dans la volonté affirmée, depuis l’après-guerre, de défendre l’idée de l’unité du genre humain contre les idéologies raciales, si destructrices ».
Ils reposent sur quelques principes fondamentaux :
- Permettre aux personnes d’accéder à leur propre culture et à celle des autres ;
- Favoriser la liberté d’expression artistique ;
- Élaborer collectivement et en permanence le « vouloir vivre ensemble » ;
- Développer la vitalité du territoire en favorisant les interactions entre les cultures ;
C’est autour de ces droits que se réunissent régulièrement, en Ariège, des acteurs de l’éducation, de l’art, des politiques publiques….
L’espace ainsi créé n’a pour autre ambition que d’être un espace de rencontre, d’échange, de discussion entre représentants élus, professionnels, artistes…Cet espace-temps permet, ensemble, de faire territoire, d’ouvrir des possibles pour lutter contre toute forme d’obscurantisme.
Ce collectif est ouvert à toutes celles et ceux qui se retrouvent dans ces valeurs et qui voudraient lutter contre la rentabilisation effrénée du temps de travail ou du temps personnel, au détriment de ce qui fait société humaniste, à toutes celles et ceux qui veulent poser leurs pierres de gué.
Les pierres de gué ce sont des pierres naturelles qui sont disposées en travers d’un cours d’eau afin de permettre son franchissement. C’est incontestablement l’une des formes les plus rudimentaires de franchissement.
N’illustrent-elles pas l’urgence qu’il y a aujourd’hui à reconstruire des ponts, naturels et rudimentaires, entre les territoires, entre les habitants, entre les générations, entre les cultures ?