Edito d’avril : Tous responsables!

  • 20 avril 2022
  • Elus - Enseignants - Jeunes - Parents - Professionnels de l’animation

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Dans sa conférence gesticulée sur l’Éducation Populaire, Franck Lepage mettait en évidence, en 2006, que la grande absente de notre système d’éducation, est « une éducation politique ».

Le mot politique n’est pas ici pris au sens de politique politicienne, au sens d’une éducation partisane qui incombe à la responsabilité directe des partis, mais il s’agit bien d’une éducation « au politique », « à la chose publique », au « projet de société » et à l’organisation qu’il nécessite.
Par souci de neutralité « l’École », s’est pendant longtemps protégée d’un tel contenu d’enseignement, au profit d’une instruction civique souvent normative et toujours désincarnée.
L’éloignement entre apprentissages, connaissances et vie sociétale a souvent placé les élèves en dehors d’une réalité concrète. Des expérimentations innovantes menées de-ci de-là n’ont pas réussi à refaire vivre l’idéal républicain dans les établissements scolaires.
L’apprentissage de la démocratie ne se fait donc pas à l’école. Mais se fait-il ailleurs ?

Il devrait cependant se construire du plus jeune âge à la vie d’adulte ; et pourtant :

  • Est-ce que le principe du débat philosophique est pratiqué dès le plus jeune âge ?
  • Quels sont les fonctionnements, les règles qui sont décidés en communs avec les enfants, les jeunes, les familles concernés ?
  • Quels sont les espaces où l’on apprend à parler en public, à débattre, à argumenter ?
  • Quelles associations locales jouent encore ce rôle de formation des citoyens, d’apprentissage de l’intérêt commun, du débat et du projet collectif ?
  • Quel est le rôle que joue aujourd’hui l’éducation populaire dans ce domaine ?
  • La formation des animateurs, les contraintes financières qui amènent ces organisations à répondre à une logique de marché n’éloignent-elles pas également de véritables démarches d’éducation au politique ?
  • Dans les structures dites d’éducation populaire, quels sont les espaces réservés aujourd’hui à l’analyse critique de la chose publique, des médias, des décisions… ?
  • Et dans la vie publique des villages, des villes et des quartiers, où sont les espaces dans lesquels se débattent, se partagent et se construisent les politiques publiques, avec et par l’engagement des habitants, des associations, des entreprises solidaires, des élus… ?

Tout cela existe certainement, à des endroits…mais encore de manière très anecdotique et en tout cas jamais de manière généralisée et programmée.
Sommes-nous certains que l’éducation à la citoyenneté qui consiste à rappeler l’histoire, les principes de la république, les droits et les devoirs et non à les faire vivre au quotidien soit suffisante ?
Par conséquent soyons conscients que nous sommes tous aujourd’hui responsables d’une situation qui pourrait s’avérer dangereuse dans les semaines à venir.