Communication des mouvements d’Éducation populaire

  • 19 juin 2020
  • Elus - Enseignants - Parents - Professionnels de l’animation

Actualités du réseau Complémentarité éducative Covid-19 Éducation populaire

Les fédérations et associations partenaires étaient porteuses d’un message lors du dernier CTDPEL :

La crise sanitaire a d’abord été marquée par la période du confinement où, nous, acteurs de terrain avons répondu présents au côté des enseignants et des collectivités locales pour organiser l’accueil des enfants des personnels prioritaires.

Le retour à l’école se fait dans le cadre d’un protocole sanitaire très strict qui impose de prioriser l’accueil des élèves mais selon des critères qui sont facteurs de confusion : d’une part, une participation sur la base du volontariat et donc laissée au choix des familles et d’autre part, la définition de publics de nature très différente, fortement impactées par l’activité professionnelle des parents et la situation de décrochage des élèves. La situation est d’autant plus complexe que les équipes pédagogiques doivent articuler collectivement et dans l’urgence un enseignement à la fois en présentiel et en distanciel.

Dans le même temps, le ministre de l’Éducation nationale déclare vouloir promouvoir le développement dans le temps scolaire d’activités 2S2C (sport, santé, culture, civisme) en ouvrant largement les portes de l’école à des intervenants de toute nature : clubs sportifs, artistes mais aussi organismes marchands bien au-delà des associations complémentaires de l’école traditionnellement agréées pour ce faire. L’Éducation nationale souhaite par ailleurs déléguer l’organisation de ces activités 2S2C, partie intégrante du temps scolaire, aux collectivités territoriales, et qui peuvent à leur tour, les déléguer aux intervenants évoqués ci-dessus.

A ce stade, cette démarche nous semble comporter plusieurs risques à prendre en compte :

  • L’externalisation d’activités (sport, santé, culture, citoyenneté) qui doivent rester au cœur des pratiques pédagogiques de l’école et des enseignants et qui participent du socle des savoirs fondamentaux, en complémentarité de ce qui peut se faire en dehors de l’école,
  • L’irruption dans le temps scolaire d’intervenants, potentiellement issus du secteur lucratif, sans aucune garantie pédagogique, ni conditions d’agrément qu’offre depuis plusieurs décennies les réseaux d’éducation populaire, partenaires de l’école publique,
  • Le risque de renforcer les inégalités tant les moyens dont disposent les collectivités locales sont disparates. La compensation financière annoncée par le ministre, 110€ par jour et par groupe de 15 enfants, reste bien trop faible pour combler ces inégalités, les coûts réels étant deux fois plus élevés,
  • Le risque que le dispositif 2S2C se substitue, quand bien même partiellement à des personnels enseignants (compensation, absentéisme…) avec des intervenants qui n’en ont ni les compétences ni le statut.

Plus grave, lors de son intervention au Sénat le 19 mai dernier, le ministre de l’Éducation nationale indique que cette organisation devrait préfigurer la rentrée de septembre 2020. Ces déclarations soulèvent une vive inquiétude.

Si la crise sanitaire a de fait obligé à modifier le fonctionnement de l’École, l’institutionnalisation de mesures conjoncturelles prises en urgence, remettrait en cause les principes fondateurs de notre école républicaine (instruction obligatoire et laïcité notamment). Nous constatons depuis longtemps que l’externalisation d’une partie du travail scolaire dans les familles conduit au creusement des inégalités, ce que la crise, à travers l’école à distance, n’a fait que confirmer en amplifiant ces fractures.

Nous croyons fermement à une approche globale de l’Éducation qui s’appuie sur la complémentarité éducative entre l’École et ses partenaires. Nous pensons que l’abandon de l’école obligatoire, la réduction des temps scolaires, et la délégation d’une partie de ses missions ne répondent nullement à cette complémentarité et font courir un grave danger au service public de l’éducation.

L’École est l’institution où s’articule le commun et le particulier. Elle ne peut pas se résumer à la seule acquisition de savoirs fondamentaux conçus de façon réductrice.

L’École est un lieu éminemment social, un lieu de cohésion, un lieu de vivre-ensemble qui développe la collaboration et la solidarité. Elle ne se réduit pas à l’instruction, elle éduque, elle émancipe. C’est sous cette forme qu’elle doit être préservé et développée.

Notre département s’est doté de la plateforme « Territoires Éducatifs » et d’un projet départemental pour permettre à l’ensemble des acteurs de se concerter pour apporter les meilleures réponses éducatives aux enfants et jeunes ariégeois.

Nous ne pouvons que regretter que cet espace de concertation ne se réunisse qu’aujourd’hui pour construire ensemble les réponses aux enjeux sociaux et éducatifs adaptées à notre territoire.

©Benoît Debuisser

Chaque membre de notre collectif peut apporter une réponse différente aux sollicitations des territoires, mais toujours avec la volonté de le faire en concertation avec les enseignants, les collectivités locales et l’ensemble des acteurs éducatifs locaux.

La capacité à créer, à innover, à imaginer doit être favorisée dans les politiques nationales et locales d’éducation formelle et non formelle, de culture et de soutien aux pratiques artistiques et sportives, d’information, de formation et de recherche, de soutien à la vie associative. C’est pour cela que nous nous mobiliserons solidairement pour défendre et promouvoir « une école d’après », œuvrant plus que jamais à la réussite de tous les enfants, dans le cadre d’un projet éducatif local conçu à une échelle territoriale pertinente.

Une école qui saura articuler et prendre en compte l’ensemble des temps éducatifs de l’enfant, socle d’un véritable service public éducatif non soumis au secteur marchand. Enfin, une école qui renforcera la coéducation et la coopération de l’ensemble des acteurs de la communauté éducative, à commencer par les parents, les enfants et les jeunes.

Pour aller vers cela, la Plateforme “Territoires Éducatifs”, autour d’un projet défini et évalué collectivement et régulièrement, devra être, encore plus que jamais, un outil au service de chaque territoire.

Les mouvements d’éducation populaire signataires

  • La Fédération départementale des Foyers ruraux de l’Ariège
  • Loisirs Éducation Citoyenneté Grand Sud
  • Fédération Léo Lagrange Sud ouest
  • La Ligue de l’Enseignement de l’Ariège
  • Les Francas de l’Ariège