Sylvaine Gendron a rencontré Nadia Thoreau enseignante au LEP Camel à Saint-Girons. Nadia a collaboré au projet Dionysos en 2023-2024, projet culturel porté dans le cadre du réseau “Territoires Éducatifs 09 “. Sylvaine nous livre ce ce qu’elle retient de cette rencontre.
Jeune, Nadia a toujours été sportive et aimait beaucoup faire des randonnées dans les forêts de Touraine d’où elle est originaire. Professionnellement elle se destinait à une carrière sociale. Pour se donner toutes les chances elle postule dans plusieurs régions et c’est l’IUT carrières Sociales de Figeac dans le Lot qu’elle choisira: un premier pas vers le sud de la France!

Pour aller encore plus loin dans l’accompagnement des personnes, Nadia passe le concours d’éducatrice spécialisée à Toulouse plus au sud…
C’est à HIS qu’elle signe son premier CDI. Elle travaillera 7 ans en foyer et fera la découverte du Salat et, bien sûr, du Couserans, où ses randonnées prennent de la hauteur.
Professeur en Sciences et techniques médicosociales, sa belle-sœur lui laisse entrevoir un nouvel avenir professionnel possible…
Avide d’aventures elle passe sans filet le concours de professeur qu’elle obtient à sa grande surprise.
Elle prend une année sans solde et devient stagiaire à Tarbes en Bac pro SPVL (service de proximité vie locale).
Elle me le dira avec encore des étoiles dans les yeux : « Parfois dans la vie les planètes s’alignent »
En effet bien que rares, voilà qu’un « poste à profil » se crée à St Girons, il est fait sur mesure pour elle, « incroyable »!
C’est à ce moment-là, il y a 14 ans, que son aventure dans le Couserans démarre, dans ce Petit Lycée François Camel avec une équipe qu’elle décrit comme « Engagée ».
Le Bac pro est rénové, avec beaucoup de fierté et d’émotion elle se rappelle la chance qu’elle a eu de participer à l’écriture du référentiel du Bac Pro animation…
Mêlant la passion pour son métier à celle de la montagne, au travers de ses randonnées, elle apprend à ses élèves à se repérer en montagne, leur transmet des notions de nutrition, de gestion du sommeil, sans oublier de s’attarder sur la biodiversité, l’environnement, la fonte des glaciers…
La passion dans la voix, elle raconte le Couserans, territoire chargé d’histoire, les mines de fer, la vallée du Biros qu’elle ne se lasse jamais de redécouvrir…
Elle est intarissable sur le sujet.
Cet attachement à son métier et ses valeurs sont communicatifs, ses élèves parlent d’ailleurs d’elle avec beaucoup de respect et de bienveillance.
Une belle rencontre.



En complément de cette interview, nous avons posé quelques questions à Nadia. Nous vous livrons ici ses réponses directes :
Comment conçois-tu le(s) métier(s) auxquels tu formes tes élèves ? Y vois-tu des évolutions, positives ou négatives ?
Je pense que la professionnalisation, pour ce métier, est nécessaire et apporte une qualité à la prise en charge des publics. Dommage que les enjeux financiers passent souvent avant la cohérence éducative…
Il est important pour moi de former ces jeunes afin qu’ils deviennent des professionnels qui questionnent leurs actions, qui donnent du sens à leur travail.
Qu’est-ce que t’apporte le trail, personnellement… et professionnellement ?
Personnellement : un équilibre nécessaire, une évasion…
Professionnellement : c’est vraiment un domaine qui peut apporter des connaissances complémentaires : nutrition, compétences sportives, etc. Surtout quand on intervient auprès des élèves souhaitant s’orienter sur éducateur sportif.
Cela me permet également de rester en forme, nécessaire quand on travaille chaque jour avec des adolescents !!!
Tu parles d’une équipe engagée au LEP Camel. Mais qu’est-ce qui fait l’engagement d’une équipe pour toi?
L’engagement d’une équipe c’est quand chacun se sent concerné par son environnement et par ses missions. L’engagement d’une équipe c’est quand tu ne perds pas de vue ton objectif final : la réussite et le bien-être de chaque élève.
Être engagé c’est rester assez dynamique afin de toujours renouveler ses pratiques et rester enthousiaste pour mener des projets malgré des freins parfois administratifs, logistiques, bureaucratiques, etc.
Comment conçois-tu la relation enseignante/élève ?
Le lycée professionnel apporte une relation particulière entre l’enseignant et l’élève. Ces derniers ont souvent les mêmes équipes pendant 3 ans. Il y a une stabilité qu’il n’y a pas ailleurs. De plus, il y a une vraie prise en compte de la dimension personnelle de chaque élève. Un élève qui ne va pas bien ne peut pas être sur des apprentissages. C’est donc à prendre en compte. Cette relation doit surtout se baser sur beaucoup de respect et de confiance… deux dimensions parfois très complexes à acquérir pour certains jeunes… Mais le lycée pro redonne confiance, réconcilie avec l’école… et ça c’est souvent merveilleux de voir que des jeunes reprennent confiance en eux… c’est souvent l’essence même de ce qui nous pousse à poursuivre notre métier.
Plus généralement, le lycée c’est l’émergence d’un adulte en devenir… en seconde ce sont encore des petits et en terminales, de jeunes adultes prêt à voler de leurs propres ailes… c’est toujours très émouvant de voir partir une promotion… il y a un attachement… un attachement sain à l’autre. J’aime à dire que nous sommes souvent une petite pierre du cairn de leur vie – Voilà à quoi me servent mes références en randonnée !
Tu as rencontré « Territoires Educatifs 09 » dans le cadre du projet Dionysos ; quelle perception, quelle compréhension, quels avis, quelle représentation as-tu de ce réseau ?
Je trouve que ce réseau est à l’image de ce département : on le retrouve peu ailleurs donc rare, mais à la fois tellement nécessaire. L’Ariège est un département de convictions et de caractère, un département authentique. il y a une forme de combativité et de militantisme qui se retrouve en Ariège et “Territoires Éducatifs” correspond à cette image forte pour moi…
Œuvrer ensemble dans un but commun. Se battre pour conserver un dispositif qui a du sens pour la jeunesse de notre département et faire force ensemble autour de notre jeunesse, donner du sens à nos actions, se connaitre les uns les autres pour travailler ensemble : voilà ce qu’est TE09 pour moi.
Qu’a été le projet Dionysos pour toi ?
Le projet Dionysos pour moi ??? Beaucoup de sueurs !!!! (Plaisanterie !)
Mais surtout ce qu’il faut demander c’est qu’a représenté ce projet pour nos élèves ? Des élèves souvent éloignés de la culture, avec souvent une estime d’eux-mêmes abimée.
Ce projet a coché toutes les cases : s’investir sur un projet à l’année, réussir à se produire avec une mise en scène et un jeu de qualité digne de professionnels, être mis en lumière, réussir à aller au bout, être fier de soi, etc.
Ce projet pour moi c’est les yeux des élèves qui brillent, des pleurs de joie, la fierté sur les visages et c’est aussi des acteurs sur un territoire qui se battent ensemble pour ces jeunes parce qu’ils sont animés de convictions communes… Notre jeunesse est belle.
Ce projet a aussi permis de renforcer le réseau territorial et nul doute qu’un jour les téléphones vont sonner afin de repartir pour de nouvelles aventures aussi belles !

 
																 
																